Le premier objectif est de fournir une analyse des pratiques spatiales des étudiants en mettant au jour les possibilités d’apprentissages sociaux, linguistiques et culturels saisies dans le contexte du SEE et leur réalité matérielle et sensible (lieux, rythme, socialisation, émotions). Les modalités d’apprentissage informel pour les étudiants internationaux sont mal connues, ces apprentissages étant fragmentés, peu visibles et identifiables. Comprendre la production de cet espace d’apprentissage expérientiel par une approche socio-spatiale est d’autant plus nécessaire que les conditions sensorielles (c’est-à-dire cognitives, mais aussi matérielles et affectives) de l’expérience des étudiants à l’étranger ont changé grâce à l’augmentation des possibilités de mobilité et à la présence d’outils numériques. Le défi de MOBILES consiste à cartographier les relations sensorielles et émotionnelles avec les lieux dans leur rapport à l’apprentissage d’un nouvel environnement.

Le second objectif du projet est de recourir à des outils de géolocalisation et de cartographie pour faciliter la documentation des pratiques numériques des étudiants internationaux et visualiser leurs mouvements et activités à travers les espaces de leur SEE. Il s’agit ainsi de concevoir une interface web cartographique utilisable via le téléphone mobile permettant une cartographie personnelle et collective de la ville telle qu’elle est pratiquée. Le défi scientifique réside dans l’élaboration (1) d’un modèle de traces signifiant pour la compréhension des phénomènes observés et (2) de modèles de visualisations qui permettent des analyses multiples et comparatives : analyse descriptive des pratiques, analyse heuristique des comportements, des motivations, des modes de socialisation et d’apprentissage.

Le troisième objectif sera d’étudier comment un système de recommandation basé sur la participation des utilisateurs peut être mis en place afin de soutenir de nouvelles expériences linguistiques et sociales. Il apparaît que nombre d’étudiants en SEE n’ont pas de stratégie pour le développement des compétences leur permettant de maximiser leurs apprentissages et leur intégration sociale et reçoivent peu de conseils leur permettant de développer ces stratégies [7]. L’hypothèse est qu’une application cartographique numérique, dont la conception est fondée sur les activités des étudiantes internationales et leurs besoins, aiderait celles-ci à concevoir des stratégies adaptées afin d’envisager leur environnement d’accueil comme une ressource d’apprentissage dynamique. La création de systèmes permettant de modéliser et, par conséquent, de soutenir les apprentissages liés à l’intersection de différents contextes reste encore sous-explorée et représente un défi émergent. Le principal défi consiste à aider les utilisatrices à obtenir des informations adaptées au contexte par le biais des appareils mobiles.

En associant les paradigmes de la socialisation langagière, de la géographie de l’action et des interactions Homme-Machine, la recherche vise à affiner les cadres méthodologiques et théoriques adaptés à l’étude des pratiques linguistiques, sociales et spatiales des étudiants internationaux.

Au niveau méthodologique, nous adoptons une démarche de co-design par la mise en place d’ateliers de co-design.

En combinant des méthodes participatives et de self-tracking, le projet permet de questionner le rapport aux traces numériques, en particulier géolocalisées, des étudiants internationaux et leur monitoring à des fins d’apprentissage. Notre recherche s’inscrit dans une culture émergente de collecte de données posant la question de l’agentivité et de la réflexivité des acteurs individuels ainsi que des différentes manières dont le pouvoir sur ces données et la participation aux données du web sont mis en œuvre au quotidien.